Il n’était même pas six heures de l’après midi qu’il faisait déjà nuit; A mesure que la journée avançait, le visage de Jiyong perdait de ses couleurs. Lui, qui d’une certaine façon fonctionnait à l’énergie solaire, traversait la saison de l’hiver comme un fantôme. D’autant plus que son travail, fort passionnant, ne l’aidait guère à se sentir mieux. Outre le fait d’être « fakefriend » d’une jolie demoiselle pour qui il n’éprouvait point des sentiments, le voila en train de travailler dans un stand de dukbokki ( hot & spicy rice cake ). Situé dans le centre-ville ( le pire des endroits ) où il voyait passer tous les jours des milliers de vrais couples. Non seulement il était surchargé de travail, mais il devait en plus voir des jeunes hommes & demoiselles pavaner tout leur bonheur devant lui. Il n’y avait rien de plus déprimant que sa situation actuelle. Pas étonnant que son « prédécesseur », celui qui s’occupait de ce stand avant lui s’était donné la mort. Le job de « Busan Boy », il était clairement pas fait pour les mauviettes !

Finalement, après des heures de souffrances le jeune homme finit son service; Celui qui le remplaçait pour la soirée n’avait pas l’air d’être plus en forme que lui-même et il ne serait pas étonnant de retrouver son corps dans le fleuve le lendemain. Une petite tape dans l’épaule pour lui donner du courage et Jiyong se perdit dans les toilettes publiques pour se changer et se préparer à rentrer. La nuit était jeune encore et le bonhomme avait fort à faire dehors; Séoul étant une ville qui dormait le jour & rêvait le soir, après tout. Mais le jeune adulte sentait déjà ses vieux os le lancer ( façon de parler hein, il n’avait que vingt ans et quelque ) et il ne se voyait pas ailleurs que chez lui. C’est donc à pied qu’il se rendait donc à la maison. Les mains dans les poches, les pas lents, les esprits ailleurs.

C’est un SMS de Taesoo qui lui remit les idées en place. Non pas que c’était rare qu’il lui envoie des texto ! Juste le contenu qui lui fit sauter sur place. L’apprenti gagman relut même deux fois le message pour confirmer qu’il n’était pas victime d’hallucinations avant de s’arrêter et de se retourner. Minae avait quitté le lycée seule car elle avait des trucs à faire et elle n’était toujours pas rentrée. Où était le problème, au juste ? C’était une lycéenne très terre à terre et qu’importe l’angle dans lequel Jiyong la voyait, elle n’était pas du genre à faire de bêtises. Quand il était au lycée à Busan, il rentrait lui-même très tard à la maison. C’aurait été quelqu’un d’autre, notre bonhomme aurait ignoré et aurait continué sa route. Mais c’était son petit « frère » qui lui demandait de l’aide. Il ne pouvait pas lui refuser ça.

Il fit donc chemin inverse; Persuadé qu’il faisait des efforts pour rien car à tous les coups, dans une demie heure, Taesoo allait lui rappeler pour lui dire qu’elle était rentrée saine et sauve et qu’il s’était fatigué pour rien. Jusqu’à ce que, par le plus grand des hasards, en passant devant un petit passage, il aperçut une demoiselle entourée de trois grand gaillards. Pressé, il allait s’en aller lorsqu’il remarqua que la « victime » était la fille qu’il recherchait. Qui tenait dans ses mains des sacs; Peut-être était-elle partie acheter des cadeaux, ou autre choses du genre. Jiyong s’adossa contre un mur et sortit son téléphone portable pour appeler le lycéen à la rescousse. Avant que ses idées se remettent en place et qu’il remarque que Taesoo n’avait guère plus de chance que lui.

Jyj décida après vingt six secondes de réflexion qu’il devait tout faire tout seul. Appeler la police ne lui avait même pas traversé l’esprit alors qu’il n’avait que quelques chiffres à composer sur son téléphone. Il retroussa ses manches, prit son courage à deux mains et s’enfonça dans la petite ruelle. Il faisait nuit et à mesure qu’il s’approchait des trois gugusses, ils devenaient plus grands. Et plus terrifiants, aussi. Dire qu’il était rassuré serait mentir, Jiyong tremblait de tous ses membres.
« Ah… Minae ! On te cherchait partout. Tae se fait un sang d’encre… » lança notre super héros national en attrapant la main de la demoiselle, avant de s’incliner devant les super méchants et d’essayer de partir. Essayer, car l’un des monsieur avait attrapé l’épaule du vendeur de dukbokki et pliait sous sa poigne. Sur le moment, les idées lui manquaient. Déjà qu’il était pas très rusé, il ne savait vraiment PAS quoi faire dans ce genre de situation. Ils étaient plus nombreux, plus forts, plus féroces.

C’est à ce moment là qu’il eut une idée. Il suffisait de se montrer plus fort et plus féroce ! Jiyong tourna sa tête de quatre vingt dix degrés; Ses yeux semblaient briller d’une énergie divine ( c’était juste la lumière qui donnait cette impression, en fait ) et une aura digne de Dragon Ball Z se dégageait de lui; « Bas les pattes, canard, qui crois tu que je suis ?! » lâcha notre homme. Une réplique d’une telle classe surpris le mécréant qui relâcha inconsciemment l’épaule du jeune homme. Qui disparut en courant en tenant toujours la main de la demoiselle. ( la vérité c’est qu’il a proposé de leur offrir son téléphone et qu’il s’est barré avant de le donner ) Ils finirent par s’arrêter, le souffle court, dans un parc, caché derrière des arbres.
Lorsqu’il entendit les voyous s’insulter et repartir, JY sentit son cœur le lâcher. Il retomba par terre, la main droite posée contre sa poitrine, les yeux dans la vague. « Je suis trop vieux pour ce genre de truc… »

En quelques minutes, Jiyong avait pris dix ans d’âge. Alors qu’on disait de lui qu’il avait deux bras gauches, il ne pouvait se permettre de finir cadenassés dans des plâtres pour des mois, dans le simple but de sauver une demoiselle en détresse qui n’était, ni celle qui lui était destiné, ni celle qu’il aimait. Et mine de rien, le pauvre jeune adulte s’en était plutôt bien sorti ! Face à des mastodontes de cette taille ( étaient-ce vraiment des coréens ?! ), finir sans une égratignure figurait du miracle. La suite se déroula comme je l’ai raconté plus haut; Les deux asiatiques coururent « main dans la main », contre vent & marée, à travers les rues de Séoul pour échapper à leurs poursuivants. La scène aurait pu être tout droit tirée d’un drama d’amour, mais le natif de Busan n’était clairement pas à sa place. Qu’est-ce qu’il aurait donné, pour voir Taemin à sa place.

Après une course poursuite qui fut bien trop longue pour l’endurance & les poumons de Yonyong, les deux jeunes gens se retrouvèrent derrière un arbre. Le souffle coupé pour l’un, incapable de rester debout sans s’aider du tronc pour se soutenir. Le silence régnait, à présent; Bien que la nuit était encore jeune, Séoul n’était plus aussi vivante qu’il y a trois ou quatre heures. Et honnêtement, Minae aurait bien raison d’avoir peur. Ne se trouvait-elle pas, dans l’ombre, loin de tous les regards, en compagnie d’un adulte qu’elle ne connaissait presque pas ? Mais la belle ne semblait pas encline à laisser durer ce silence plus longtemps. En témoigne sa fracassante déclaration ( et il où, le « oppa » didiou ?! ).

« De rien… » marmonna difficilement notre super héros, les yeux écarquillés, comme étonné par ce que la demoiselle venait de lui demander. Le prenait-elle pour un dangereux psychopathe qui était chargé de la surveiller ? Effectivement, ce qu’il faisait était toujours suspect. Sa complicité avec le jeune prince devait éveiller des soupçons chez Minae. Il reprit néanmoins son calme, avant de relancer la machine à parole qu’il était; « Devine. Par pur hasard, forcément. Tu crois que je te surveilles ?! C’est criminel, je veux pas finir ma vie en prison. Taemin m’a juste contacté pour me dire que tu étais pas rentrée, et m’a demandé de te chercher… Et honnêtement, je ne pensais pas tomber sur toi aussi rapidement. Ni dans de telles circonstances… »

Il s’arrêta un instant, avant de reprendre; « Et dieu que j’ai eut peur. J’ai vu ma vie défiler quand il a posé sa main sur mon épaule. Je sais pas ce que tu faisais si tard dehors, mais… PLUS JAMAIS ! » ajouta Jiyong avec les grands yeux, ce qu’il venait de dire semblait être à la fois un conseil et une menace. Mais après trois secondes, il reprit son air ahuri habituel. Celui qui faisait de lui, lui. Puis il se mit à « tripoter » la jeune fille, au niveau des épaules et du visage. En tout bien tout honneur, je vous assure ! C’était juste pour s’assurer que : « Tu n’as rien, hein ? Ils t’ont rien fait ? Parce que s’ils t’ont fait quelque chose, compte sur moi pour… Ne pas aller te venger ! T’as bien vu leurs têtes, ils doivent croquer des types comme moi tous les matins au petit déjeuner ! »

Puis il posa ses mains sur les épaules de la demoiselle, après avoir vérifié qu’elle n’avait rien. Pas de bleus, cicatrices, côtés fêlées, dents cassées, rien. Elle restait « parfaite ». Et même si elle ne payait pas de mine, elle avait reprit son souffle beaucoup plus rapidement que ce pauvre pépé de yjy ! « Et puis, oh ! S’il m’aurait demandé de faire ça, c’est juste parce qu’il s’inquiète pour toi ! Ce serait super maladroit, on est d’accord. Mais ça part d’une bonne intention ! Est-ce que ton petit copain en ferait autant ?! ENFIN NON ! Ne réponds pas à cette question, je veux pas l’entendre. Je veux pas l’entendre, je veux pas l’entendre ! Je vais te raccompagner… »