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 our path.

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MessageSujet: our path.    our path.  EmptyDim 30 Jan - 19:15

Debout devant son miroir, il prenait le temps de réajuster chaque vêtement, de lisser chaque pli, de remettre chaque mèche de cheveux rebelle en place. Comme toujours, il se devait d'être parfait, d'être celui que tous s'attendait à voir lorsqu'il entrerait en scène. Il ne jouait pourtant pas vraiment un rôle, seulement le personnage qu'on lui avait appris à être. Su Han était né pour prendre la succession de son père et pour faire honneur à son nom, il était né pour ajouter encore à la perfection de son illustre famille. L'arrogance, l'égocentrisme, le mépris... tout cela se devait donc d'être affiché en permanence sur son visage, dans ses manières. Il n'était pas fils de nul part, fils de rien, il devait hériter d'un empire, et s'en montrer digne. Mais il avait encore le temps avant d'affronter son destin, le temps d'être lui-même, bien que sa personnalité soit à jamais entachée par son éducation. Peu importe, il n'en restait pas moins Baek Su Han, et il comptait bien profiter des quelques courtes années à venir, avant de terminer ses études et d'être officiellement présenté aux associés de son paternel. Par ces perspectives, il n'était pas le moins du monde impressionné, et sans doute son père aurait-il aimé le voir un peu plus nerveux à l'idée de lui succéder. Mais depuis toujours il n'était qu'assurance, et puisqu'il n'échouait jamais, ne doutait pas de s'imposer dans le monde des affaires aussi bien, voire mieux, que ne l'avait fait son père. Il était fort, il était impitoyable, et cela devait se sentir aussi bien dans le domaine professionnelle que dans la vie de tous les jours. Aussi, comme tous les samedi soirs, il s'apprêtait à sortir, sans rien laisser au hasard. Un jeans, une chemise blanche et une veste en cuir beige, une panoplie qui pouvait sembler aussi simple qu'elle était hors de prix. (tenue) Il n'était pas encore minuit lorsqu'il rejoint la rue, et le ciel de Séoul se teintait d'orange et de rouge. Comme à chaque fois qu'il sortait, il resta un moment immobile, à chercher vainement des étoiles qui ne faisaient guère le poids face aux lumières des buildings. Qu'à cela ne tienne, ils prendraient leur place, tous ces jeunes qui ne rentraient jamais chez eux avant que le jour ne soit levé. Ils brilleraient pour elle, et dieu seul savait comme ils avaient de la lumière à faire partager. Resserrant sa veste, espérant peut-être ainsi éviter le froid qui le cernait, il frissonna. Peu importe, il savait qu'il n'aurait plus froid bien longtemps.

C'est seulement une fois dans le bus qui devait le mener au centre-ville qu'il prit son portable. Il hésite un instant, sachant que s'il devait lui demander de le rejoindre, il n'aurait pas la simple soirée qu'il avait d'abord prévu. Mais cette relation était une drogue, et il avait besoin de ce que cette fille représentait comme il avait besoin d'air. Rapidement, il retrouva son nom dans le répertoire et lui envoya un message court et bref, lui indiquant seulement où elle pourrait le trouver, si jamais il lui prenait l'envie de le rejoindre. Quand il s'agissait de Mi Ran, il avait tendance à perdre sa belle assurance : elle était tout aussi imprévisible qu'il pouvait l'être, et c'était là tout ce qui faisait le charme de leur relation. Comme il s'y attendait, elle ne répondit pas, et ne l'avait toujours pas fait lorsqu'il descendit du bus, non loin des clubs dans lesquels il allait passer cette nuit. Sa main se resserra sur son portable, alors qu'il détaillait tous les visages qu'il croisait, espérant à chaque fois reconnaître les traits de la jeune femme qu'il attendait plus qu'aucune autre. Lorsqu'il se rendit compte de son propre manège, il se reprit pourtant, fourra le téléphone dans la poche de sa veste et ses mains avec. Les rues, malgré l'heure tardive, étaient encore pleines de monde, et il marchait la tête haute parmi tous ces jeunes en quête d'amusement. Souvent, il se faisait dévisager, faisait parfois comme s'il ne l'avait pas remarqué, ou rendant les regards appuyés, selon le physique de la demoiselle, ou le degré de provocation dans les yeux du mâle envieux. Il adorait cela, toute cette attention, cette jalousie qu'il sentait peu importe l'endroit où il posait le pied. Par son attitude, il l'encourageait : il ne devait, ne pouvait pas, passer inaperçu. Son éducation l'avait poussé à se croire supérieur et plus important qu'il ne l'était sans doute, et s'il le réalisait, il n'était néanmoins pas prêt à l'admettre. Su Han était exceptionnel, et ils se devaient tous de le réaliser.

Enfin, il s'arrêta devant son club favori, celui où les filles étaient les plus belles mais aussi les plus facilement impressionnables. Peut-être que tout était un peu trop facile ici, trop facile de se faire admirer, mais il s'en fichait. Il appréciait les défis, mais il ne trouvait pas plus d'honneur à la difficulté, sachant qu'il avait également plus de chance de rentrer seul chez lui. Ici au moins, il était assuré de finir la soirée en beauté. La queue pour entrer était longue, mais il la regarda à peine : il était loin d'être n'importe qui et son pass lui garantissait une entrée où bon lui semblait et ce rapidement. Mais il n'eut pas l'occasion d'user de ses privilèges puisqu'il la vit enfin, non loin de lui, appuyée contre un mur et ne l'ayant visiblement pas encore aperçu. Il ne dit d'abord rien, se contenta de l'observer, un sourire en coin déjà sur les lèvres. Elle était là. Lentement, il combla l'espace qu'il y avait entre eux et vint tout naturellement s'appuyer contre le mur, près d'elle, sans dire un mot. La musique et le brouhaha de la rue se mélangeait pour ne laisser qu'une cacophonie peu agréable à l'oreille, mais il sentait déjà cette bulle habituelle se refermer autour d'eux, pour les prendre au piège. « C'est bien que tu sois venue. » dit-il soudain, rompant le silence. Il ne prit pas la peine de justifier ses quelques paroles, avant de sortir son paquet de cigarettes, et d'allumer la sienne avant d'en proposer à la jeune fille à ses côtés.
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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyDim 30 Jan - 20:14

    Miran regardait la pénombre s'insinuer dans Séoul, assise sur le large rebord de sa fenêtre. Son appartement, situé dans un quartier moyen, était comme tous ces studios neufs et sans âme des buildings proches du centre-ville. Elle avait délibérément jeté son dévolu sur un appartement placé dans les derniers étages de la tour de béton grise et morne. Elle adorait les endroits en hauteur et pouvait passer des heures à regarder la ville tentaculaire s'étendre à ses pieds. Ça faisait un moment qu'elle était là, son épaule nue appuyée contre la vitre glaciale, une jambe repliée, l'autre pendant dans le vide, la pointe de son pied posée sur le parquet de son studio. Elle avait perdu le décompte du temps, comme souvent, se contentant d'être là, d'attendre, de se laisser vivre puisqu'il fallait bien vivre, puisque respirer était un automatisme. Cependant, à mesure que la nuit prenait possession de Séoul, la jeune femme se sentait peu à peu s'éveiller. La nuit était bien plus propice au désordre, aux incidents, aux surprises, que la journée, durant laquelle elle travaillait selon une routine bien rodée. La nuit venue, elle était libre, après tout, sans contraintes, et alors se posait la question : que faire ? En sachant que la réponse était toujours la même : n'importe quoi. Il suffisait de saisir les opportunités qui se présentaient.

    Elle sentit soudain son portable vibrer dans la poche arrière de son jean. Sans détourner le regard de la ville, elle le sortit et finit par baisser les yeux sur le message qu'elle venait de recevoir. C'était Su Han. Un sourire effleura les lèvres de Miran. Tout était une histoire d'opportunité, et en la matière, Su Han était une option dont elle ne se privait jamais. Elle savait déjà que sa proposition, en apparence anodine - le rejoindre dans un club - était en fait synonyme d'une soirée dont il était impossible de prévoir la tournure. Ce n'était pas raisonnable. Pas sage. Mais c'était exactement ce dont elle avait besoin, et surtout, ce dont elle avait envie. A la seconde où elle avait vu son nom inscrit sur son portable, avant même de lire son message, elle avait voulu le rejoindre, voulu passer la soirée avec lui, en sachant très bien qu'ils finiraient forcément par se fondre dans les ténèbres de Séoul et de ses habitants nocturnes.

    Elle se leva et se prépara pour sortir. Il faisait froid dans la capitale coréenne la nuit, mais ça n'avait pas d'importance. Une mini-jupe, un débardeur noir, une veste à capuche noire par-dessus et des chaussures à talons respectables, et bien sûr, quelques accessoires, les bijoux qu'elle adorait tant. C'était comme se retrouver, renouer avec sa personnalité qu'elle mettait tant d'application à repousser, et son look faisait partie de cet aspect d'elle. Ce soir, elle se sentait elle-même dans cette tenue. Désormais le temps semblait s'écouler de façon plus fluide, comme si le cours normal des choses avait repris. Elle sortit de son immeuble et trouva un taxi avant de lui donner l'adresse du club en question.

    Une fois sur place, son regard passa sur la foule sans la voir. Il y avait tant de gens dans cette ville, et la nuit, tous se ressemblaient, et en vérité, tous étaient comme elle, comme Su Han, cherchant désespérément à se faire engloutir par la nuit, l'alcool et les autres. Miran s'appuya contre un mur, attendant Su Han qui, elle en était sûre, saurait la trouver. Elle avait conscience d'avoir froid, mais ça ne la gênait pas. Les yeux dans le vague, elle se concentrait sur le bruit sourd de la musique à l'intérieur du club, une pulsation qui semblait faire écho à celles de son propre cœur. Enfin, une voix grave et familière la tira de son état apathique.

    « C'est bien que tu sois venue. » Elle le sentit s'appuyer contre le mur à coté d'elle et ne put empêcher un frisson d'anticipation la parcourir, comme un électrochoc qui soudain venait de la ramener à la vie. Elle se redressa, vit que Su Han lui tendait une cigarette et l'accepta sans un mot, le laissant l'allumer pour elle. Elle lui sourit. Pas de "bonjour", ni de "comment vas-tu ?" entre eux. Ils savaient parfaitement ce qu'ils cherchaient chez l'autre. Miran désigna la longue file d'attente à l'entrée du club.

    « Tu vas nous épargner l'attente, j'espère. » Quand elle y réfléchissait il y avait tellement de choses qu'elle ignorait à son propos... Elle le voyait à l'agence, mais leur relation n'avait rien à avoir avec la Cupid's Heaven, et ils ne se faisaient pas de confidences non plus, en tout cas pas à propos de leur vie, de leurs aspirations, non, rien de tout ça. Mais une chose était sûre, à chaque fois qu'ils allaient dans un club un peu select, ils y entraient sans difficultés, et c'était grâce à lui.

    « Merci pour l'invitation, au fait. » Elle n'alla pas plus loin, laissant le reste de ses propos se diluer dans son esprit. Elle se sentait vide, jusqu'à ce qu'il la contacte. Elle avait hâte de rentrer dans ce club et de s'abrutir de tout à l'intérieur. Elle n'aurait pas pu se passer de lui. Tous ces non-dits qu'il connaissait déjà et qu'elle n'avait pas besoin d'énoncer à voix haute, parce qu'il pensait la même chose qu'elle, elle en était sûre. Elle expirait sa nicotine en silence, laissant son regard planer sur les gens autour d'eux, quelques uns les regardant avec le même vide avide de sensations qu'elle portait sûrement dans ses yeux. Elle finit par se redresser, se décollant du mur, s'étirant comme un chat. Ça y était, elle se sentait revivre. Elle fit quelques pas en direction de l'entrée du club avant de se retourner vers Su Han, l'invitant d'un geste à la rejoindre, le sourire aux lèvres.

    « On y va ? La première tournée est pour moi. » La première d'une longue série, elle en était sûre.


Dernière édition par Yoon Mi Ran le Lun 31 Jan - 2:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyDim 30 Jan - 21:48

Elle sourit, accepta sa drogue douce et désigna un point derrière lui. « Tu vas nous épargner l'attente, j'espère. » Il sourit. Un de ces sourires un peu de travers dont il avait le secret et qui en avait déjà fait tomber plus d'une. La petite s'était déjà bien habitué aux privilèges qui allaient de pair avec son illustre compagnie. Son sourire fut sa seule réponse, et il porta la cigarette à ses lèvres, laissant l'effet apaisant de la nicotine l'envahir peu à peu. « Merci pour l'invitation, au fait. » Sans la regarder, il haussa les épaules. Elle devait pertinemment savoir qu'il ne l'avait pas contacté au hasard et qu'il avait autant envie que besoin de sa compagnie, mais il ne lui donnerait certainement pas le plaisir de le lui avouer. Toujours appuyé contre le mur il l'observait du coin de l'œil, portant de temps à autres la cigarette à ses lèvres. Elle semblait ailleurs, comme toujours, regardant le monde avec cette expression étrange peinte sur le visage. Cette fille donnait l'impression d'être vide, et pourtant, il était bien placé pour savoir qu'il n'en était rien. Il avait vu maintes fois ces flammes d'un désir de vivre violent, urgent. D'un désir qu'ils partageaient et qui les avait rapproché sans même qu'ils n'en aient conscience. Il ne broncha pas lorsqu'elle quitta leur refuge de quelques minutes, traçant déjà leur chemin vers l'entrée du club, qui déversait sa musique et son ambiance sur le trottoir. « On y va ? La première tournée est pour moi. » Écrasant sa cigarette, il lui rendit son sourire. « Cela va de soi. » dit-il alors qu'il la rejoignait, et qu'ils pénétraient enfin dans une autre comme une autre de la débauche.

La musique vous piégeait toujours. Que vous le vouliez ou non, vous n'aviez d'autre choix que de la laisser vous prendre, que de vous y abandonner. A peine entrée, elle vous enveloppait et votre cœur calquait son rythme sur le sien. Toujours si forte qu'on ne l'entendait même plus. Elle exacerbait les sens bien davantage que l'alcool, bien davantage que les drogues qui circulaient en douce dans tous les clubs. La musique était la meilleure façon de s'enivrer, et la gueule de bois qu'elle vous laissait était incomparable. Il adorait cela. Fermant les yeux, il la laissa prendre possession de ses sens et foutre en l'air toute perception. Ici, ils avaient tous le droit de se perdre, et on ne leur demandait d'ailleurs rien d'autre. Sur ses lèvres s'était dessiné un sourire de circonstance, un sourire de satisfaction intense, alors qu'il suivait Mi Ran jusqu'au bar, où elle devait s'acquitter de sa promesse. Sans détourner les yeux de la piste de danse, il hurla sa boisson au barman, mais la musique était telle qu'on aurait pu croire qu'il n'avait fait que chuchoter. C'était la paroxysme de l'intimité. Quoique vous disiez, quoique cous fassiez, à moins de vouloir être repérer, on ne vous adressait même pas un regard. Sur la piste de danse, personne ne vous voyait. Il n'y avait plus que soit et l'alcool qui se mêlait au sang. Il sentait d'ailleurs déjà sa propre boisson courir dans ses veines et réchauffer son corps tout entier. Déjà il ne voyait plus de la même façon lumières et corps qui se bousculaient dans le club, et il ne put qu'apprécier cette déconnexion progressive de la réalité. Quittant la piste et son verre des yeux, il les posa une nouvelle fois sur la jeune femme à ses côtés. Si elle représentait à elle seule tous les excès dans lesquels il s'étaient plongés, il savait que le plus gros risque qu'il avait jamais pris avec elle était de réclamer si souvent sa compagnie qu'il risquait de ne plus pouvoir s'en passer. Comme l'alcool, elle avait tendance à courir dans ses veines, et former avec l'hémoglobine un mélange plus dangereux qu'il n'osait l'imaginer.

« On prend racines ou tu me montres comment tu comptes faire rêver ton dernier client ? » lança-t-il finalement, tout en posant distraitement son verre. Un sourire tordu sur les lèvres, il prit sans attendre la main de Mi Ran avant de la traîner au milieu de tous ces corps s'entrechoquant. Car il n'était pas question de danse ici. Tout n'était que pur et simple provocation. La musique glissait lentement sous la peau et vous bougiez à son rythme, parfois pour vous-même, souvent pour impressionner la jolie fille derrière vous. Lui n'avait rien à prouver, se contentait d'observer sa compagne et tous ses gestes lascifs, son corps qui en faisait se retourner plus d'un, comme il avait eu maintes fois l'occasion de le remarquer. Mais elle était à lui, chaque fois qu'ils se retrouvaient ainsi, elle était tout à lui. Et rien de romantique dans cet état des choses. Ce n'était qu'une possessivité malsaine, celle dont sont affublé tous les gosses de riche sur terre. Et il la couvait de ses regards et de tous ses gestes, alors que deux verres apparaissaient dans leurs mains. La fumée piquait les sens et l'alcool les affûtait. Il se sentait en mesure de faire tout ce qu'il voulait, surtout s'il pouvait avoir mal à la fin. Surtout si elle le faisait avec lui. « Vois comme on te désire, princesse... » chuchota-t-il soudain à son oreille, un sourire aux lèvres, alors qu'il enveloppait sa taille de son bras, sous quelques regards déçus et envieux. Un rire que personne n'entendit à part elle le secoua un instant, ce qui ne fit qu'amplifier son impression de perdre pied. Mais dieu qu'il adorait cette sensation.


Dernière édition par Baek Su Han le Lun 31 Jan - 3:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyLun 31 Jan - 3:29

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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyLun 31 Jan - 5:46

Comme pour vérifier ses dires, il la sentit se retourner, sans qu'elle ne quitte pour autant son semblant d'étreinte, qu'il ne desserra pas. Elle n'avait pas cessé de bouger, et se mouvait contre lui sans pudeur. Mais pourquoi l'aurait-elle fait ? Il y avait entre eux cette entente, cette complicité sans nom alors même qu'ils ne connaissaient rien l'un de l'autre, si ce n'était cette envie de vivre jusqu'à... mourir. Et il la regardait toujours, elle qui observait tous ces regards posés sur elle, sur lui aussi, bien sûr, mais ceux-là il ne les voyait pas, ne les voyait plus tant ils le suivaient depuis toujours. C'était seulement lorsqu'on détournait les yeux de sa personne qu'il relevait la tête, et criait au monde qu'il n'avait aucun droit de l'oublier ainsi. « Même si c'était le cas, ils ne comptent pas. » Bien sûr. Bien sûr qu'il ne comptaient pas, ils n'en avaient de toute façon pas le droit. Ils ne comprendraient pas ce qui vivait en eux, toute cette violence, cette envie de se détruire pour mieux vivre, toutes ces envies contradictoires et cette personnalité paradoxale qui faisaient d'eux des êtres à part. Ils auraient pu passer leur vie seul et s'en contenter, s'ils ne s'étaient pas rencontrés. Et même ainsi, ils ne seraient jamais réellement séparés de dame Solitude. Miran s'écarta soudain et il la laissa s'échapper comme à regret, entendit à peine les échos d'un verre qui se brise, juste à leurs pieds. Suhan ne baissa même pas les yeux, c'était presque là le bruit que ferait un jour leur âme, quand elles devraient suivre les chemins préparés pour eux. Ils ne savaient même pas, alors, s'ils pourraient garder la jeune femme près de lui... « Ignore-les. Toutes ces gens, ignore-les. » Il releva vivement les yeux, qu'il ne s'était même pas rendu compte d'avoir baissé. Il eut, à cet instant, la fâcheuse impression qu'elle avait lu dans ses pensées, avait su qu'il se laissait entraîner dans un futur hypothétique qu'il ne pouvait pas contrôler. Cette nuit pourtant, il n'avait pas le droit d'oublier qu'il faisait ce que bon lui semblait, jusqu'aux pires excès, puisqu'il n'avait rien à perdre. Même pas une vie. Son verre toujours en main, il en bu les dernières goûtes avant de le laisser tomber à son tour. Une autre âme qui se brise. Au moins n'étaient-elles plus seules.

« La soirée commence à peine, n'est-ce pas ? » Elle n'eut, pour toute réponse, qu'un sourire énigmatique. « J'ai cru voir quelques petits cachets circuler dans la boîte... Ça ne te fait pas envie ? » Son regard se posa cette fois sur elle. Un regard lourd de sens, lourd du pacte qu'ils avaient silencieusement passé, dont la drogue était une des alliées. Il avait lui aussi remarqué le manège discret des sachets qui passaient de main en main, et il ne doutait pas qu'ils finiraient par arriver dans les leurs. « Tu sais sans doute déjà ce que j'en pense. » souffla-t-il finalement, avant de lui adresser un nouveau sourire de son cru. Il prit de nouveau sa main, peu désireux de la perdre parmi ces corps tout en sueurs et ivresse, jusqu'à à un coin plus discret, où se tenait quelques âmes pâles et tremblantes, avides des petites choses que trimballaient dans ses poches un dealers aux manières assurées. Un regard suffit, et l'argent passa d'une poche à une autre, deux petites pilules firent le chemin inverse. Jamais de paroles superflues, meilleur moyen de se faire pincer, et les gestes habiles de chacun avaient tout simplement pu passer pour un salut original entre deux vieux copains. Ce qui, ironiquement, était presque le cas... Trésors en poche, il guida Miran jusqu'à une des banquettes laissées vides, où ils s'assirent le temps d'apprécier la saveur et tous les effets malsains de leurs chères nourritures. Sortant une première pilule de sa poche, il la fit rouler entre ses doigts un instant, avant de l'approcher des lèvres de sa compagne jusqu'à ce qu'elle les entrouvre assez pour qu'il puisse laisser glisser son présent. Son pouce s'attarda sur sa bouche, qu'il effleura tout en souriant. Il ne se passa pas une minute avant qu'il n'ait à son tour avalé son cachet, et il en sentit rapidement les effets. Déjà, la terre semblait se soulever sous ses pieds, et les murs n'étaient déjà plus si droits. Il se passa une main sur le visage, comme s'il voulait vérifier qu'il ne suffirait pas d'une secousse pour le réveiller. Mais l'effet se faisait violent, un peu plus que la dernière fois. Ils venaient d'avaler un véritable trésor.

La musique soudain, se fit plus lointaine, mais semblait maintenant naître en lui. Son cœur marquait toujours la mesure, et il plaqua ses main contre sa poitrine, espérant l'empêcher de déchirer ses chairs pour en sortir. L'alcool qu'ils avaient déjà bu ne faisait qu'amplifier les effets malsains de la drogue, mais il n'était de toute façon plus en état de raisonner. La seule chose dont il avait maintenant besoin, c'était Miran. Parce-qu'il n'y avait toujours qu'avec elle qu'il appréciait réellement de se perdre, de faire n'importe quoi, de foutre leur unique vie en l'air en vivant un peu trop. Mais où était l'intérêt de vivre si ce n'était pas en le faisant jusqu'au bout ? Si c'était trop fort, trop dangereux, trop effrayant, alors ça n'en était que mieux. Il posa finalement ses mains sur les joues de la jeune fille, approchant leur deux visages jusqu'à ce que leur nez se touchent, jusqu'à ce que ses yeux puissent plonger dans les siens. Il voulait voir les transformations qui s'opéraient en elle à mesure que la drogue prenait possession de son être. Il voulait la voir elle, sans tout ce vide, sans toute cette indifférence qu'il savait feinte, car elle ne pouvait que l'être, à voir comme ils étaient capable de mettre tant de passion dans un tel projet de destruction. Il la força à se relever en même temps que lui, chancelants encore, mais se rattrapant l'un à l'autre, comme ils en avaient pris la mauvaise habitude. Il la serra contre lui, sentant les frémissements qui parcouraient son corps, identiques à ceux qui parcouraient le sien. Ils se transformaient de la même façon, pour la même raison. Et ses mains prenaient des chemins différents sur celui de Miran, ceux de sa taille, de son bras ou du creux de son dos, alors qu'il recommençait lentement à bouger au rythme de leur musique intérieure. « Elle est parfaite. » chuchota-t-il, ne sachant sans doute pas lui-même s'il parlait de la drogue ou de la fille.
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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyMar 1 Fév - 3:27

    Elle avait attiré son attention, l'avait temporairement sorti de son état de transe dans lequel il était, et elle avec lui. Pourquoi, pourquoi ajouter encore à leur fardeau ? La danse, le bruit, l'alcool, les sensations, tout ça aurait dû leur suffire. Tout ça aurait dû lui suffire, à elle. Cent fois, mille fois elle s'était jurée de ne plus faire ça, de ne plus se laisser tenter, d'être sage. Et la plupart du temps elle y arrivait. Il n'y avait guère plus qu'avec lui qu'elle replongeait encore dans ce qu'elle avait été jadis, et dans ce qu'elle était forcément encore aujourd'hui. Déchirée entre ce qu'elle pensait être, et ce qu'elle semblait être vraiment... à peine les mots avaient-ils franchi ses lèvres qu'elle sentit poindre l'hésitation, le remord, peut-être même l'appréhension... mais bien sûr, il était là.

    « Tu sais sans doute déjà ce que j'en pense. » Elle était lâche, si faible, et en même temps, soulagée qu'il prenne la décision pour eux. Était-ce de sa faute à elle ? Y aurait-il pensé si elle n'en avait pas parlé ? Peu lui importait désormais, et elle se laissa entraîner sans résister, savourant cette contrainte physique qui quelque part, lui donnait le prétexte parfait pour ne pas refuser de s'enfoncer un peu plus dans les ténèbres. Le monde tournait trop vite, et sans même s'en apercevoir, elle se retrouva assise sur une banquette dans un coin mal éclairé, à l'abri des regards qui les avaient tant suivis. Suhan était là, à ses cotés, donc tout allait bien, et tout irait mal. Lorsqu'il glissa une petite pilule entre ses lèvres, elle saisit son poignet à deux mains, faisant durer cet instant, retenant son bras jusqu'à ce qu'elle commence à sentir les effets de la drogue faussement douce. Son pouce laissa sur sa bouche une traînée brûlante, qui s'engouffra dans tout son corps à mesure que chacun de ses sens s'exacerbaient à l'extrême. Tous les sons, toutes les couleurs, tous les gens avaient une autre forme, un nouveau monde qui lui apparaissait en même temps que son champ de vision se transformait. Elle faillit se renverser en arrière, mais il la retint, ses mains plaquées sur son visage, la forçant à plonger son regard fiévreux dans le sien. Oui, elle n'était pas seule. Tout était parfait, chaque pièce du puzzle était désormais assemblé, un puzzle de mille couleurs qu'elle pouvait distinguer au fond des yeux de Suhan. Elle avait l'impression de regarder dans un miroir, et elle savait qu'il voyait dans ses yeux ce qu'elle distinguait dans les siens.

    Il se leva soudain, et elle fut debout elle aussi. La masse grouillante des danseurs l'appelait, maintenant. Comme si le temps se fractionnait, Miran se retrouva soudain de nouveau sur la piste de danse, serrée contre Suhan, dansant sur une musique dont elle ne distinguait que quelques bruits sourds. Partout où il posait ses mains, elle sentait sa peau s'enflammer, hypersensible à tout ce qui l'entourait.

    « Elle est parfaite. » Miran hocha la tête, un sourire étirant ses lèvres. Elle n'avait aucune idée d'où venait sa soudaine joie, mis à part les effets du cachet qu'elle avait avalé. C'était un bonheur trouble, celui de ne plus rien ressentir à part les vertiges de l'alcool et de la drogue. Confusément, elle savait qu'elle offrait un spectacle sûrement pathétique, mais dans ce lieu, il n'y avait que des gens comme elle, comme eux. La perspective du lendemain, son travail, ses rendez-vous à l'agence, tout ça lui semblait comme faisant partie de la vie de quelqu'un d'autre. Quant à savoir ce que la soirée leur réservait encore... elle avait connu son lot de lieux insolites et excitants, des endroits propices à sa soif de danger. Il y avait un club select à Wellington situé au dernier étage d'un building. Elle était souvent allée sur le toit, en fin de soirée, pour grimper sur son rebord et se balancer d'avant en arrière au bord du vide en se demandant ce que ça faisait de tomber. Ici à Séoul, elle adorait grimper sur les barrières d'un des ponts suspendus au-dessus de la Han River. Ou bien marcher au milieu du périphérique. Emprunter une voiture ou un deux-roues pour foncer sur les routes. Tant de choses à faire, et la vie était si ennuyeuse, sans ça...

    Le rythme de la musique se faisait plus pressant et tout le monde commençait à s'échauffer. Les corps se heurtaient, les regards se faisaient plus insistants, chacun cherchant un échappatoire à la solitude. Mais elle avait Suhan. Repoussant une main qui s'était posée sur son épaule et dont elle ne prit même pas la peine d'en identifier le propriétaire, elle se rapprocha de Suhan. Ce soir, il était là, donc elle ne voulait de personne d'autre, et tant pis si sa réaction était mal prise. Mais de nouveau, une main se posa sur son bras, la saisissant au coude. Elle rejeta ce contact, se tournant vers l'individu en chancelant légèrement, et s'écria, à personne en particulier :

    « Lâche-moi, va voir ailleurs si j'y suis ! » D'habitude elle ne perdait pas son calme. Seule, elle aurait sûrement accueilli cette demande non-exprimée avec lassitude et autant de soulagement. Mais ce soir, elle n'était là pour personne d'autre que Su Han, et l'alcool et la drogue la rendait hypersensible. Ça n'était pas pour lui déplaire - des sentiments, des émotions, enfin ! Brutes, violentes, mais des émotions quand même. C'était grisant, et aussi vertigineux qu'avoir trop d'alcool dans le sang. Et c'était exactement ça qu'elle était venue chercher ici ce soir. De la tension, de la colère rentrée, de la frustration, du désespoir, de la jalousie, du désir, de la violence, de la joie sauvage, il n'y avait plus de personnes vivantes autour d'elle mais des émotions brutes.
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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyVen 4 Fév - 0:13

Il avait déjà tenu beaucoup de filles dans ses bras : il ne les comptait plus, puisqu'elles ne comptaient pas. Puisqu'il allait passer une vie marié à son travail, autant passer le plus de temps possible niché au creux des bras de véritables femmes. Su Han les collectionnait peut-être, mais ne les méprisait pas pour autant : n'étaient-elles pas sa principale source de plaisir et de réconfort ? Ne donnaient-elles pas le plus plaisant des spectacles lorsqu'elles se livraient, sans toujours en avoir conscience, entièrement à vous ? Parmi celles-ci pourtant, parvenaient à s'en détacher deux, il ne savait trop comment. Elles s'étaient pourtant imposées, et si l'une représentait la vie, celle qu'il tenait dans ses bras à présent, avait tout de la mort. La preuve en était cet état, dans lequel ils étaient déjà, alors même qu'il n'y avait pas trois heures qu'ils s'étaient rejoints. Il y avait l'alcool, il y avait la drogue... mais ils en arrivaient souvent au même point, sans toujours à la moindre substance. L'adrénaline suffisait souvent. Le vide, la vitesse... ils avaient déjà risqué l'overdose d'à peu près tout, et surtout n'importe quoi. Mais tous les deux en étaient déjà la définition même. Ils étaient tout, et n'importe quoi. Autant s'accrocher à cela, pour faire semblant de ne pas être seul, pour faire semblant d'aller bien, pour faire semblant de vivre, au moins un peu. Et en cet instant, la drogue, l'alcool et la musique couraient dans ses veines, et il ne trouvait pas de meilleur de se perdre et de se sauver en même temps, que de garder Mi Ran contre lui, puisque rien d'autre n'avait d'importance. Il la sentit pourtant s'agiter. Une fois. Deux fois. Puis elle recula franchement et il cessa tout mouvement. « Lâche-moi, va voir ailleurs si j'y suis ! » Il lui fallu un temps avant de réaliser qu'elle ne s'adressait pas à lui, et il releva les yeux, percevant à peine celui à qui elle s'était adressé, sous les brumes qui envahissaient déjà ses pensées. Il ne manqua pourtant pas de voir que l'inconnu tentait une troisième approche, et c'est sans réfléchir qu'il attrapa son poignet, arrêtant net son geste. Il n'eut pas le temps de réaliser quoique ce soit qu'un poing atteignait déjà sa mâchoire et qu'il titubait légèrement vers l'arrière. Mais il restait bien plus grand que son adversaire, et visiblement moins atteint par les effluves d'alcool. L'arrêtant dans sa nouvelle tentative, il leva brusquement le genoux et frappa sans retenu l'abdomen de l'inconnu qui recula vivement en poussant un grognement que Su Han ne pu que qualifier de satisfaisant. S'emparant à nouveau de la main de Mi Ran, il l'entraîna sans rien dire jusqu'à la sortie du club, et ce n'est qu'une fois à l'extérieur qu'ils s'arrêtèrent.

Toujours grisé par les différentes substances avalées, ainsi que par cette pseudo-bagarre, un sourire tordu avait pris place sur ses lèvres. C'était tout ce dont il avait besoin. L'alcool le rendait téméraire et sa tête ne demandait qu'à entrer de nouveau pour achever l'inconnu, mais son désir d'être avec Mi Ran l'emportait sur tout le reste. Ici au moins, il n'y avait aucun corps pour se heurter à celui qui ne devait qu'être sien, au moins pour cette nuit. Il sentit un picotement sur sa lèvre, et lorsqu'il y passa sa langue, elle ramena avec elle le goût cuivré de son propre sang. Su Han grimaça, mais cette nouvelle substance ne pouvait qu'ajouter à cette euphorie qui, lentement, s'était emparée de lui. Ses yeux se posèrent sur la jeune femme, toujours à ses côtés, et il s'approcha, pour passer le dos de sa main sur sa joue. Elle avait l'odeur de la cigarette, de la sueur, de l'alcool et de cette folie collective qui gagnait toutes ces âmes cherchant à oublier leur vie. « Il aurait du savoir... ils devraient tous savoir, que je ne te partage pas. » dit-il tout bas, sans que ses yeux n'aient lâché les siens. Sobre, sans doute n'aurait-il jamais laissé passer ses mots, qui le faisait avouer à demi ce qu'elle pouvait représenter, mais à présent, il n'était plus en état de faire barrage à quoique ce soit, et surtout pas à ses pulsions. Bien au contraire, elles étaient là, juste derrière sa peau, hurlant pour qu'on les laisse sortir, pour cette nuit au moins. Mais il n'était pas encore prêt à abandonner tout contrôle. Il recula soudain, s'éloignant de la jeune femme, tout en sortant de la poche de sa veste, son paquet de cigarettes. Il en tira une, l'alluma, apprécia la saveur de la première bouffée, et la laissa s'échapper. Lentement. L'air frais le dégrisait lentement, et il regrettait déjà de ne pas s'être procuré davantage de ces petits pilules miracle. Sa lèvre le faisait souffrir, mais ça n'avait rien d'insupportable, et il appréciait même le fait d'avoir mal. Finalement, après quelques longues minutes de silence, il se tourna de nouveau vers Mi Ran, l'observa un moment sans rien dire, portant parfois la cigarette à sa bouche. « Tu vas bien ? » Sans doute faisait-il référence à cette simili bousculade dans le club. Sans doute, oui. Ou peut-être parlait-il de sa vie toute entière, et de toute son âme aussi. Et une voix criait au fond de lui qu'il n'aurait même pas du s'en soucier, mais il n'avait pourtant pas pu s'empêcher de poser la question, et il attendait maintenant patiemment la réponse, alors que son fidèle bâton de nicotine touchait à sa fin.

Il le laissa tomber, l'écrasa sous son talon, plissa les yeux, observa Mi Ran sous toutes les coutures, de la tête au pied, de tous les côtés. Et puis, sans réellement l'avoir prémédité il s'approcha vivement, la repoussa contre un mur et la souleva de terre, un bras sous ses fesses et un autre encerclant sa taille, son regard rivé au sien. Il l'étudia encore un moment, avant de laisser ses lèvres effleurer l'arrête de sa mâchoire, y laissant par la même occasion une infime traînée de son sang. Il se perdit dans son cou et y resta un moment, laissant son souffle taquiner un sa peau, et sans prévenir, il finit par la relâcher, s'éloignant aussi vite qu'il avait chargé.
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MessageSujet: Re: our path.    our path.  EmptyLun 7 Fév - 17:13

    Miran ne réalisa ce qu'il se passait qu'une fois que tout fut terminé. Confusément, elle vit que le type qui la harcelait avait frappé Su Han mais elle ne recula pas. Elle avait assisté à son compte de bagarres, surtout dans des lieux pareils, fréquentés par des gens comme eux. Une simple étincelle se transformait, la drogue et l'alcool aidant, en véritable feu de forêt. Elle se sentit sur un fil, en une seconde où tout pouvait basculer. Si une bagarre générale se déclenchait, ça allait être sanglant, vu le monde qui se trouvait dans la boîte. Et Su Han, qui se redressait, la bouche en sang... elle le regarda, fasciné, pleine de remords pour ce qu'elle avait indirectement déclenché mais sans pouvoir s'empêcher de frissonner d'excitation. La violence physique était une autre forme d'addiction, après tout. Non pas qu'elle aurait aimé recevoir des coups elle-même... Cependant, elle voyait mal Su Han se laisser frapper sans réagir, surtout qu'il était probablement le plus grand et le plus costaud des types réunis ici. Quand l'autre voulut lui donner un autre coup, la jeune femme porta instinctivement ses mains à sa bouche, mais Su Han bloqua le coup et répondit par un coup de genou dans le ventre du type, lequel s'effondra, comme englouti par la masse grouillante des danseurs, qui s'étaient vaguement retournés vers eux. L'altercation n'avait pas duré assez longtemps pour déclencher un mouvement de foule, d'autant plus que Su Han, à ce moment-là, attrapa Miran et l'entraîna hors du club. Elle se laissa faire, cherchant son souffle alors même qu'elle n'avait été que spectatrice, se laissant traîner comme une poupée cassée dans le sillage de Su Han.

    L'air glacial de la ville la nuit la ramena à la réalité et elle se remit à respirer, goûtant aux vagues d'adrénaline qui retombait lentement dans son corps. Debout, les bras le long du corps, elle regardait Su Han et il la regardait avec une lueur indéfinissable dans les yeux. En une seconde, il fut sur elle, et sa main sur sa joue lui fit la sensation d'une véritable brûlure, ses yeux ancrés aux siens sans qu'elle puisse s'y soustraire.

    « Il aurait du savoir... ils devraient tous savoir, que je ne te partage pas. » Miran cilla à ses paroles tandis que le jeune homme s'éloignait brutalement d'elle. Jusqu'à présent elle ne s'était jamais demandée pourquoi il acceptait de sortir avec elle, le fait qu'il cherche comme elle à brûler la chandelle par les deux bouts mis à part. Mais c'était bien ça, ce besoin... Jusqu'à ce qu'elle le rencontre, elle se disait qu'être seule ne faisait pas de différence, mais même pour ça, même pour boire et se laisser dissoudre par la nuit, la présence d'un autre à ses cotés faisaient la différence. Elle ne pensait pas qu'il avait autant besoin d'elle qu'elle avait besoin de lui. A présent elle en était sûre, un jour les choses iraient trop loin tant ils s'entraînaient l'un l'autre vers des pentes glissantes. Mais c'était aussi pour ça qu'ils se fréquentaient, chercher leurs limites.

    « Tu vas bien ? » Il la regardait de loin en fumant, comme s'il se méfiait d'elle. Mais peut-être était-ce de lui-même qu'il se méfiait. Elle hocha lentement la tête sans rien dire, attendant elle ne savait quoi. Elle aurait pu rester toute la nuit sur ce trottoir gelé attendre rien du tout. Mais comme souvent, Su Han prit la décision pour elle. Soudain, il était sur elle, la plaquant contre un mur, la soulevant contre lui, et, surprise, elle plaqua les mains sur son torse, sans le repousser, les coude pliés entre eux. Soudain, elle ressentait les choses avec une clarté effrayante, l'effleurement de ses lèvres contre sa mâchoire, son souffle dans son cou, et les secondes interminables qui s'égrainèrent alors que tous deux restaient là, figés par une force qui les dépassait et surtout, un besoin douloureux et désespéré de ressentir l'autre, sa présence, et la preuve d'existence qu'il représentait. Puis, avec autant de soudaineté, il la lâcha et recula sans un mot. Elle eut l'impression idiote qu'il allait s'en aller et la laisser là, qu'il allait trancher brutalement leur lien si bizarre.

    Elle franchit la distance qui les séparait en deux pas et se planta face à lui, le visage levé vers le sien, cherchant son regard trouble. Avec une lenteur infinie, elle leva les mains et se saisit de son visage aux traits puissants, ses yeux abandonnant ceux de Su Han pour se poser sur sa lèvre maculée de sang. Il était si grand, comparé à elle, qu'elle dut de mettre sur la pointe des pieds et l'attirer un peu vers elle. A son tour, elle emplit ses poumons de son odeur, sa joue contre la sienne, puis elle posa ses lèvres sur le coin des siennes pour en enlever un peu de sang. Elle était perdue, ne savait plus ce dont il avait besoin, et se reposa sur ses talons pour le regarder. Oui, ce jeu du chat et de la souris aussi la faisait exister, parce qu'elle n'en connaissait pas la fin mais savait qu'il y en aurait une un jour.

    « Ça va aller, si tu ne m'abandonnes pas. » Il était là, donc elle existait, tout simplement, au moins pour cette nuit. Une constatation égoïste mais elle n'y pouvait rien, c'était incontrôlé. Sans personne à qui se raccrocher, dans ces moments-là, il était trop facile de se noyer et de disparaître. Autour d'eux, les voitures passaient en trombe, mais tout ce qu'elle captait était un sourd grondement. Elle se cherchait en Su Han. Son reflet dans un miroir désenchanté...

    « Je ne veux pas retourner dans ce club. Allons ailleurs. » Séoul, la nuit, ses rues, ses gens qui erraient, tous ses lieux à investir, tant de possibilités pour deux êtres comme eux... Elle se plaqua contre lui, ignorant les regards et les sifflements qui fusèrent, s'agrippant à sa taille, prête à tout pour qu'il ne la laisse pas maintenant. Après tout elle ne pouvait pas prétendre le connaître, ne savait pas vraiment qui il était, ce qu'il voulait, les chemins qu'il avait empruntés pour en arriver là où il était aujourd'hui, à la même croisée qu'elle. S'il disparaissait, elle ne pourrait pas le retrouver, et peut-être bien qu'elle en mourrait. Ah ! Voilà une constatation nouvelle et effrayante...
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