La vie de Min Jung se divisait en deux grandes catégories comme celle de tout le monde! Il y avait d’un côté les choses qu’elle aimait, que ce soit une activité ou une chose et de l’autre côté, les choses qu’elle n’aimait pas. Puis ces deux catégories étaient à leur tour divisé en différentes sous-catégories qui se classaient par appréciation. Tout ça pour dire qu’il y avait des choses qu’elle détestait totalement! Et l’une de ses choses, c’était de passer une mauvaise journée. Autant elle était énergique, positive et dispersait la joie de vivre autour d’elle en temps normale, autant elle pouvait tourner le contraire total lors d’une mauvaise journée. Et attention, une mauvaise journée pour Minnie ce n’était pas seulement de se lever le matin pour se rendre compte qu’il pleuvait dehors, non c’était plutôt une suite d’événements déprimants et ennuyeux. En d’autres mots, c’était quand rien n’allait, quand tout allait de travers, une journée malchanceuse et rien de plus.

En cette jolie matinée de semaine, on s’attendrait normalement à ce que la vie soit belle, parce que qui dit journée ensoleillée dit bonne humeur. Oui ce n’est pas faux. Min Jung était dans le bonheur absolu… À quel moment est-on le plus heureux? Lorsqu’on gagne le million à la Lotto bien sur, mais au quotidien, c’est lorsque l’on est confortablement installé dans son lit, au chaud et encore dans les bras de Morphée. Eh ben c’était le cas de la coréenne ce matin là! Malgré les quelques rayons de soleil qui éclairaient son visage à travers les rideaux, elle dormait, déconnectée du monde. Malheureusement pour elle, le temps tourne et n’attend pas, sans oublier que le temps c’est de l’argent. Rien n’était plus vrai. Le truc, c’est qu’elle était sensée être en train de travailler, mais son cadran n’ayant pas sonné, elle se prélassait toujours dans son lit, inconsciente de la tempête qui s’approchait rapidement et dangereusement.

Brisant le silence agréable du matin, enfin bientôt midi, son téléphone se mit à sonner fort. Du moins assez fort pour la réveiller en sursaut et la faire tomber en bas de son lit! Les jambes sur le lit et le reste du corps sur le sol, elle attrapa son téléphone afin d’y répondre d’une voix endormie. C’est la voix froide et sèche de son patron qui la réveilla. Quel bonheur que de se faire crier dessus dès le réveil. Vous pouvez vous imaginez qu’elle s’est levée assez rapidement, qu’elle a simplement attaché ses cheveux en un chignon haut avant d’enfiler à la vitesse de la lumière un jeans skinny et un simple t-shirt. Donc elle se retrouva avec un jean assez foncé, des bottes montant jusqu’à la moitié de son mollet et avec un tout petit talon, ainsi qu’avec un t-shirt blanc avec Minnie et Mickey dessus. Elle prit son sac beige, y lança tous les trucs dont elle ne pouvait pas se passer, enfila un manteau et partit en coup de vent. Min Jung voulut appeler l’un des clients qu’elle devait rencontré pour lui expliquer son retard, mais il se trouva qu’elle avait oublier de recharger sa tablette Galaxy. Et puis son premier client avant sa pause diner, se sauva en la voyant arriver. Il faut croire que d’avoir un si petit gabarit pour un travail du genre, c’est franchement une plaie, les gens ne te prennent pas au sérieux et croient pouvoir te semer. Minnie du lui courir après pendant si longtemps, qu’elle en fit une crise d’asthme et qu’il fila.

À présent assise sur un des bancs de la CHA, un bon café fumant à la main, elle reprenait encore son souffle. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas courut aussi longtemps et ça l’épuisait énormément. Poussant un soupire, la demoiselle porta la tasse de carton à ses lèvres. Dès que le liquide entra en contact avec la peau sensible de ses lèvres, elle échappa sa tasse sur le sol et laissa s’échapper un gros mot. Décidément, ce n’était vraiment pas sa journée… Elle avait simplement hâte qu’elle se termine finalement. Le café l’avait éclaboussé en tombant au sol. Alors qu’elle observait les dégâts sur son manteau, une serviette en papier se matérialisa sous ses yeux. Remontant le long de la main qui tenait le bout de papier, elle découvrit Jeon Tae Hyun… Son voisin, guide et professeur d’anglais lors de sa première année en Californie. Elle lui fit un petit sourire décourager avant de prendre la serviette pour s’essuyer.

« merci oppa… »

tenue

Il était assis, dans un fauteuil dont le confort trahissait la valeur, dans l'un des nombreux bureaux de la Cupids Heaven Agency. Taehyun venait de finir sa matinée et avait rejoint son bureau dans le but de souffler cinq minutes avant de partir à la recherche d'une quelconque denrée alimentaire qui pourrait lui servir de déjeuner. Il avait passait la première partie de la journée à conseiller maintes demoiselles sur leur façon de se maquiller, à venter les vertus de toutes sortes de crèmes de soin et à appliquer quelques faux ongles. Les bras croisés, il observait la rue qui se dessinait par sa fenêtre. Des gens se bousculaient pour s'approprier le premier taxi venu, certains riaient en mangeant des sandwichs, et d'autres sortaient et rentraient de la CHA. Le jeune homme regarda autour de lui : des têtes endormies, des rires tonitruants, des jeunes filles couinant à tout va. Dehors comme dedans, tout transpirait l'ennui. D'un autre regard, il balaya la salle à la recherche de sa petite soeur ; peut-être aurait-elle pu le divertir un minimum. Décidément, il n'avait rien à faire. C'est avec un soupir que l'américain quitta son siège, enfila son manteau et se dirigea vers l'ascenseur, carte bleue en main.

Il fredonnait un air sur lequel il ne pourrait pas mettre de nom lorsque les portes automatiques de l'appareil s'ouvrirent au rez-de-chaussée. Ce midi, il allait faire simple et acheter un sandwich turc, un "kebab", comme certains disaient.
Taehyun saluait chaque personne qu'il croisait dans l'agence, sans vraiment savoir de qui il s'agissait. La CHA n'avait ouvert que quatre mois auparavant et de nouveaux employés été recrutés chaque semaine, n'aidant pas le jeune étranger à associer noms et visages de ceux qu'il fréquentait même quotidiennement. Il se demandait comme sa soeur, qui ne parlait pas aussi bien coréen que lui pouvait bien faire. Continuant de sourire à tout va, il se rapprochait du saint-graal, de la félicité, de l'entrée de l'agence. Dans son esprit se dessinaient déjà les ingrédients qu'il allait choisir pour composer son sandwich tandis que son estomac lui pressait le pas. Il s'apprêtait à rejoindre le hall d'entrée lorsque, sur un banc, il aperçu une silhouette plus que familière. Elle était petite, frêle et coiffée d'un chignon haut. Cette carrure et cette façon de bouger les épaules rappelaient trop de choses à Taehyun pour qu'il ne réagisse pas. D'autant plus que Minjung avait l'air sur les nerfs. Taehyun avait partagé avec Minjung autant qu'avec sa propre soeur. La petite était venue vivre à Los Angeles lorsqu'il avait treize ans, ils s'étaient retrouvés voisins, il en avait pris soin et avait cru en tomber amoureux. Puis le Vieux Continent l'avait appelé et il était partit étudier six ans dans la capitale française, coupant tout contact avec la demoiselle. A son retour, elle avait déjà quitté Los Angeles et ses paillettes, ne donnant plus aucune nouvelle. Maintenant qu'elle avait grandit, ils partageaient tout deux un secret qu'il avait promis de ne révéler à personne. Toujours prêt à soutenir sa seconde petite soeur, le jeune homme s'avança vers elle alors qu'elle poussait un juron, renversant le liquide que contenait sa tasse sur elle. Aussi rapide que la lumière fut le geste de celui-ci. Un mouchoir en papier en main, tendu devant les yeux de sa future interlocutrice.

« merci oppa… »

« Well, t'inquiètes pas. Bon, qu'est ce que tu as là, à bouder comme lorsque tu avais dix ans ? »

D'un signe de la main, Taehyun demanda à Minjung de lui faire une place à ses côtés. Ses manières de rustre occidental refirent surface et c'est de justesse qu'il s'empêcha d'étreindre la jeune fille pour la réconforter. Elle avait beau avoir vécu aux Etats-Unis, personne ne pouvait être sûr que leur entourage leur pardonnerait ce 'trop-plein d'affection' en public.