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Cinq heures tapantes elle était déjà réveillée, les yeux ronds comme des billes à fixer le plafond noir qu'elle trouvait passionnant pour ce début de matinée. Elle tourna la tête sur le côté, jeta un nouveau coup d'œil à l'écriture rouge de son radio-réveil, cinq heures. Oui, cinq heures et elle était déjà réveillée. C'était qu'elle se levait de plus en plus tôt, cela allait finir par devenir problématique. Elle ne pouvait, évidemment, pas se permettre de réveiller tout l'immeuble parce que madame s'était levée. Surtout pas à cinq petites heures du matin. Laissant tomber l'idée de mettre la musique à fond comme elle le faisait chaque matin, elle sortir de ses couvertures de manière normale – ce qui n'était pratiquement plus arrivé depuis des lustres, il faut dire – avant de se diriger tout doucement vers la cuisine après avoir titubé dans le couloir, toujours vêtue de son pyjama. L'objet de sa convoitise y était, comme elle s'y attendait, ou devrais-je dire … la personne ! En effet, Eirilys – son adorable petit chaton blanc âgé de quatre petits mois – était déjà bel et bien là, roulé en boule dans son petit panier d'osier, près de sa gamelle. Oui, les chatons c'est mignons, c'est doux et c'est adorable mais, dieu, ce que cela peut manger ! C'était ce que miss Ahn venait justement de remarquer. Imaginez sa surprise lorsqu'elle a eu le malheur d'échapper un tout petit bout de jambon et que, laissant ce petit morceau sans attention, avant qu'elle ne se rende compte une seule petite seconde après que son adorable bébé chat venait de l'engloutir tout cru ? Incroyable. Au point qu'elle avait même pensé que c'était son – tout aussi adorable – colocataire qui était passé par là et qui avait lavé le sol. Quoi. Sait-on jamais, s'il avait subitement faim et qu'il s'était jeté sur le sol pour manger du jambon … Non, bon, soit. Ce n'était pas trop crédible. L'étudiante s'approcha donc de ce petit panier, elle s'accroupit donc près de l'animal en souriant, ayant remarqué les petites oreilles qui avaient bougé furtivement, avant de le caresser tout doucement, l'éveillant complètement. Ses yeux bleu fendirent la noirceur de la pièce tandis qu'elle s'affalait sur le sol, sentant la froideur du carrelage refroidir légèrement ses jambes, approchant son visage de celui de son bébé chat, elle resta ainsi un moment dans le noir à n'entendre aucun bruit si ce n'était leurs deux respiration accompagné du doux ronronnement d'Eirilys. Elles durent rester ainsi un bon quart d'heure – c'était que le temps passait vite – avant que la jeune femme ne ressente une douleur dans son dos de par sa cambrure. Elle se releva vivement, surprenant son petit chat, avant d'étouffer un soupir de douleur tout en plissant le nez. Non, vraiment, rester là à ne rien faire ce n'était pas son truc … Il fallait qu'elle soit dans son lit, mais … Elle allait foutrement se faire chier dans sa piaule à ne rien foutre et à regarder les minutes s'écouler ! – excusez son langage – Il fallait qu'elle s'occupe, sinon elle allait réellement réveiller tout le quartier. Elle subirait des insultes, mais au moins elle ne serait plus toute seule à marcher comme un zombie dans la pénombre de son petit nid douillet. Sun Mi attrapa son animal dans ses bras, la laissant s'installer confortablement, et tenter d'ignorer ses gentilles petites griffes qui s'étaient plantées dans son bras à cause de son jeune âge, avant de se lever et se diriger de nouveau vers sa chambre, tentant vainement de chercher quelque chose à faire, quand une illumination soudaine traversa son esprit tandis qu'elle passait devant la porte de la chambre de son cher colocataire – accessoirement gay – et en qui elle avait une pleine confiance aveugle. Jetant un œil malicieux envers son chaton qui sembla lui répondre, la jeune fille regarda aux alentours comme si elle s'apprêtait à faire quelque chose de mal que personne ne devait voir, elle poussa finalement la poignée de porte et pénétra sans mal dans les appartements du jeune homme qui dormait encore à poings fermés, après tout, quoi de plus normal vu l'heure qu'il était. Pouffant légèrement toute seule, elle se glissa à pas de chats – quelle ironie – jusqu'au lit de Nam Ji où elle monta le plus le discrètement possible, se positionnant à ses côtés, elle se mit sur le dos, Eirilys sur le ventre et joua avec ses pattes un petit moment, jetant des coups d'œils discrets vers son ami afin de voir s'il s'éveillait ou pas – souhaitant discrètement qu'il se réveille, mais n'osant pas vraiment le faire franchement. Mais comme son chaton n'était pas aussi patient qu'elle, il préféra rouler sur le côté, tentant vainement de grimper sur le torse du jeune homme, en vain. Non pas que sa corpulence fut énorme, mais le chaton en question titubait, encore plus sur un tel matelas dans lequel il n'arrivait qu'à s'enfoncer comme s'il fut dans une plaine de sable mouvant. Et à côté de ça ? Sun Mi qui s'en amusait et qui la laissait faire. Oh, probablement que le garçon en question allait râler, mais elle était rusée et savait qu'elle pouvait rapidement se faire pardonner à ses yeux. Ce n'était donc pas bien grave … Du moins, elle espérait. Il dormait visiblement, elle entendait sa respiration douce et régulière, et elle eut presque l'idée de dormir à ses côtés, ce soir. Il avait … Quelque chose de paisible, oui, voilà. Elle laissa glisser ses doigts sur son ventre, caressant doucement l'animal qui avait décidé d'élire cette partie de son corps pour résidence, avant de se lever et de partir dans la cuisine. Allumant les lumières et ne s'incommodant plus de ses précédentes petites manies discrètes pour ne pas le réveiller, elle entra donc dans la pièce, ouvrant les placards grinçant sans retenue et en sortit ce qu'il avait pour habitude de prendre au petit-déjeuner, comme si c'était d'elle qu'il s'agissait. L'installant à sa place habituelle, elle y déposa un set de table transparent au motif floral, ajoutant par dessus un petit pain ainsi qu'un grand verre vide accompagné d'une grande bouteille de jus de clémentine fraîche. Vainement, elle se tenta à y mettre également un yaourt avec une petite cuillère – pour faire un peu de produit laitier, monsieur n'aimait pas le lait – et y posa finalement deux tartines déjà nappées d'une mixture chocolatée que tout le monde ne connaissait que trop bien. À ses petits soins, voilà, Ahn Sun Mi était volontairement et chaleureusement aux petits soins de son colocataire.

La coréenne attrapa un bout de papier et y inscrivit dessus une petite note manuscrite; « Annyeong namji. ♥ Je t'ai levé tôt, me pardonneras-tu un jour ? En réalité, je ne t'ai pas levé pour le plaisir de t'avoir avec moi des heures supplémentaires dans la journée, mais bel et bien pour faire quelque chose que … Tu ne vas pas aimer, si ? Le ménage, jiji, le ménage ! ♥ On va faire le ménage ensemble, d'accord ? Alors tiens toi prêt ! ». Elle gloussa toute seule suite à sa propre ânerie, puis la posa juste à côté de son verre avant de retourner une nouvelle fois dans sa chambre, s'asseyant à côté de lui elle posa doucement sa main sur son épaule, le secouant sans violence afin de le réveiller. Elle appela son prénom une fois. Virant son adorable chaton et le posant sur le sol, elle se tourna complètement envers le jeune homme et l'interpela une fois de plus, lui pinçant le nez de manière enfantine avant de lui demander une dernière fois de se lever. L'étudiante quitta les lieux en se dirigeant vers la salle de bain où elle y prit une douche d'eau bouillante, transformant la salle en un sauna, avant de sortir de la cabine de douche, une serviette seulement enroulée au dessus de sa taille et ayant simplement des sous-vêtements en dessous; de là, elle sortit la tête hors de la salle et ressentit un vent froid sur son visage et sur ses épaules; ses cheveux humides ayant laissé tomber quelques gouttelettes le long de son dos et sur ses épaules. Sun Mi se dirigea de nouveau vers la cuisine et, dieu merci, il semblait réveillé ! … Plus ou moins … Elle se mit à sourire, s'approcha tout doucement de lui et vint s'assoir sur ses genoux, déposant un baiser furtif sur sa joue et lançant joyeusement;

« Je suis certaine que mon petit mot t'a plu ! »

Tu parles !

« Huh, c'est quoi ça ?! »

Nam Ji ouvrit de grands yeux ébahis. Un immense arc-en-ciel était apparu à ses pieds, de magnifiques rayons de soleil éclairaient son visage et il flottait au-dessus d'un gros nuage tout blanc. Woahw. La vue était magnifique mais assez étrange, ma foi. Il ne s'agissait que du monde des Bisounours qui accueillait fièrement l'étudiant. Soit les lieux étaient toujours semblables à cela, soit le roi avait sorti les accessoires de fête. Dans tous les cas, on se donnait les moyens, par là-bas... Le jeune homme avança de quelques pas, très peu rassuré. Hé oui, quand bien même le monde est tout beau et tout mignon, on se méfie. Et pour cause, un oiseau géant fonça vers lui pour passer juste au-dessus de sa tête, laissant une plume sur ses cheveux. Quel était le message ? La question était plutôt : y avait-il un quelconque message ? Et la réponse évidente était : non. Se remettant doucement de ses émotions – car un piaf qui vous agresse, ça fait peur, oui oui – il continua de marcher sur le bel arc-en-ciel, regardant partout aux alentours. Rien ni personne ne semblait vivre en ces lieux, mis à part une baleine qui crachait des popcorns et le moineau taille tyrannosaure qui se laissait pendre façon chauve-souris à la branche d'un arbre. C'était une sorte de paradis de l'horreur, paradis de la bêtise, paradis du n'importe quoi. Quand Nam Ji arriva à l'exact milieu de notre bel effet atmosphérique, celui-ci devint entièrement rose bonbon puis se dissipa, laissant tomber le blondinet qui traversait à présent les nuages. Il poussa un cri retentissant, produisant d'innombrables échos et atterrit comme une fleur sur un champignon minuscule. Champignon qu'il écrasa donc, après une seconde d'absence totale. Il ne comprenait absolument rien de ce qui se passait mais il décida de suivre le chemin qui s'offrait à lui. Il marchait tranquillement quand une sucette rouge, bleue, verte et jaune lui tomba sur le sommet du crâne. Le jeune homme regarda donc automatiquement en l'air. Ainsi il eut le plaisir de recevoir en pleine face un homme tout de vert vêtu. « Ho, what's goin' on ?! » Nam Ji prit un air d'incompréhension en arquant un sourcil. Il était temps de mettre en pratique l'anglais qu'il avait appris. « Huh, who are you ? » L'inconnu sembla subitement outré et le bouscula doucement. « Oh, what ? You don't know me ? Is it a joke, oh ? Why are you so strange, huh ? Tell me, tell me ! ...DON'T MOVE ! » L'ordre qu'il lui avait donné surprit tellement le jeune garçon que celui-ci l'exécuta sans broncher. Ne pas bouger, ne surtout pas bouger devant cet espèce de taré qui noie les gens en parlant vite. Il pouvait toujours partir en courant, mais sa fierté en prendrait un sacré coup alors... « Why are you like a puppet, now ? What's your problem, guy ? » Il était stressant avec toutes ses questions, celui-là. Namji tournait des yeux, complétement mal à l'aise. Il cherchait désespérément quelque chose pour se raccrocher à la vie... hum. « Heeeeey, guy, talk to me ! Why are you so serious ? Héhéhé, do you want any fruits to put color in your pitiful life ? » Bon, trop c'était trop. Le coréen fit quelques pas à reculons, fixant le fou droit dans les yeux puis partit en courant. L'inconnu le suivait mais Namji courait vite ! Celui-ci tourna la tête pour voir où le bonhomme en était dans sa course. Malheureusement pour lui... il s'étala comme une crêpe contre le tronc d'un arbre, apparut au milieu du chemin par magie. PAF !

Ah, le subconscient... Il en faisait toujours voir de toutes les couleurs à Son Nam Ji et visiblement, ça n'avait pas manqué cette fois. Le garçon n'avait jamais compris ne serait-ce qu'un seul de ses nombreux rêves idiots.
Il ouvrit difficilement les yeux alors que sa colocataire quittait la chambre d'un bon pas. Elle l'avait réveillé, forcément. Merci Sun Mi, tu lui as épargné la suite de ce rêve magnifique. Il pouffa légèrement de rire lorque qu'il se souvint de la fois où il avait vu la jeune fille en pingouin qui voulait à tout prix lui vendre une sardine. Bref, peut-être un jour ira-t-il voir un hypnotiseur pour régler le problème. Qui sait ?
Nam Ji paressa une minute ou deux dans son lit, à regarder son réveil. 5H48, rien que ça. Il sourit. Cette Sunmi était vraiment... une chipie. Doucement mais surement, il se glissa hors de sa couette, prit le petit chaton dans ses bras et se dirigea vers la cuisine, affamé. Un jus d'orange fera l'affaire, il avait un tas de choses à faire, ce jour-là. Il se gratta la tête quand il arriva devant le magnifique festin que sa colocataire préférée lui avait préparé. Son petit-déjeuner français. C'était une habitude qu'il avait prise après que sa première petite amie lui ait fait goûter les mets de son pays. Il adorait la cuisine française et surtout : les petits pains au chocolat. Namji s'installa, lui et son appétit féroce, à la table et prit une tartine entre ses doigts puis attrapa le petit mot, un sourire aux lèvres. Sourire qui s'estompa bien vite quand il lut le mot « ménage ». Il raffolait de cette tâche... Et c'est ironique, bien sûr. Sun Mi arriva vers lui en petite tenue sous sa serviette. Elle était vraiment inconsciente. Pour elle, il était gay, d'accord... Mais était-ce une raison ? Mh, petite devinette : que se passe-t-il dans la tête d'un hétérosexuel qui habite avec la fille qu'il aime, celle-ci le croyant homosexuel et s'exhibant devant lui ? A vrai dire, pas grand chose. Il n'était pas en mesure de réfléchir avec une telle vue. Bref... La jeune fille s'assit tout naturellement sur ses genoux alors qu'il croquait enfin dans sa tartine après avoir failli la laisser tomber. Et comme chacun sait, il aurait fallu nettoyer puisqu'elle n'aurait pas choisi le bon côté – quoiqu'il allait nettoyer de toute façon, après tout. Le plus vieux reçut un mignon petit bisou sur la joue qui témoignait de toute l'affection qu'elle lui portait. Si seulement elle savait. Le fait est que, justement, elle ne saura jamais rien de rien.

« Je suis certaine que mon petit mot t'a plu ! »
─ Mais évidemment... J'ai hâte de passer le plumeau, huhu. »

Du calme, elle savait pertinemment qu'il plaisantait sur le ton de sa voix. Namji n'était pas du tout efféminé, ce pourquoi il cherchait encore la raison de cette erreur sur son orientation sexuelle. Mais peu importait, sa colocataire savait qu'il exagérait et c'était tant mieux. Il ne manquerait plus que ça et il pourrait lui dire adieu définitivement.

« Et je parie que je dois mettre ce magnifique tablier rose avec un cœur au niveau du bide, pour te faire plaisir ? Parce que c'est teeeeeellement mieux de nettoyer avec le sourire. Que la gaieté soit sur le monde en toutes circonstances, hein ? … Tu veux un bout de petit pain ? »

Un sourire radieux s'était affiché sur son joli visage. Il lui rendit son bisou tout mignon et dévora sa tartine. Bon appétit !

Comment était-ce de vivre dans le même appartement qu'une fille que l'on aimait alors qu'elle pensait naïvement que vous étiez gay ? Oh, cela devait probablement être quelque chose de dur et de difficile à vivre. Surtout quand la fille en question s'appelait Ahn Sun Mi. La fille légèrement excentrique qui prenait parfaitement ses aises quand elle s'en sentait capable. Et là en l'occurrence, elle prenait vraiment bien ses aises. Enroulée dans sa serviette de bain violette sans rien autre dessous si ce n'était ses sous-vêtements, il fallait bien avouer qu'il y avait de quoi troubler plus d'un homme – tout le monde sait qu'ils deviennent les être les plus faibles au monde devant une jolie femme en petite tenue, ne faîtes pas l'innocent – surtout si celui-ci éprouvait quelques sentiments à son égard. Mais, pour le coup, même pas ! Il n'avait pas d'étranges réactions qui pouvaient mettre la jeune fille sur la voie, pas de réactions qui pourraient pousser la demoiselle à fuir au loin ou à se calmer sur son laxisme aussi bien physique que mental. Oui, dans le fond, Nam Ji était le seul homme capable de savoir vraiment comment elle était au naturel. Et c'était traumatisant tout autant que c'était assez drôle à voir. Il savait quelle ambitieuse elle était, qu'elle adorait relever des défis et surtout … les gagner ! Des défis en tout genre. Le dernier en date étant de marcher plus vite qu'Eirilys tout en posant un pied après l'autre rapidement – sinon c'était trop facile. Tout un tas de défis débiles autant que de relativement sérieux – sa lubie de bosser la médecine, par exemple – et heureusement pour le jeune homme, aucune de ses amies n'avait encore eu l'idée stupide de lui dire; « Oh aller Sun Mi, t'es même pas capable de faire craquer ton gay de colocataire ! » Sinon il était certain qu'elle aurait tout mis en œuvre pour exécuter son plan comme prévu et le faire tomber dans ses bras. L'ironie ? Elle n'avait rien eu à faire pour que cela n'arrive. Le bémol ? Sun Mi avait beau être une fille dotée d'une intelligence limité – hors cours – elle n'était tout de même pas le genre de fille à se foutre parfaitement des sentiments des autres sous prétexte qu'elle a une belle gueule, qu'elle est bien foutue et que Perfection est son second prénom. Mouais, bon … C'était plutôt l'inverse même, si un jour elle venait à savoir la nature des sentiments de son adorable colocataire préféré, plus jamais elle n'oserait croiser son regard, plus jamais elle ne se permettrait de s'habiller en petite tenue en été, non, elle serait probablement habillée en esquimau tout droit sortit du pôle nord. Pourquoi ? Parce qu'elle se sentirait coupable de n'avoir rien vu et de l'avoir tenté tout ce temps. Non pas qu'elle soit du genre à se sentir irrésistible, mais cela faisait un sacré coup de savoir que l'on se baladait quasiment dénudée devant un homme que l'on pensait gay et qui, en fait, était le plus hétérosexuel de tous les hommes tout en étant, EN PLUS, amoureux de vous ! Que faire ? À part paniquer et avoir ce sentiment de remord qui vous tiraille le ventre en vous disant, mais putain, comment ai-je fais pour ne pas le voir ? eh bien … Personne n'en sait rien. C'est le genre de sentiment qui s'improvise parfaitement et qui, il faut l'avouer, part parfois un peu de côté et fout tout en l'air … De toutes façons, la question était réglée, elle ne savait rien, s'en portait bien puis, soyons honnête, vous pensez vraiment qu'il va souffrir du fait de voir sa bien-aimée en tenue légère ou en mode naturelle …? Naaaaaaaaan. Ça pourrait lui donner l'idée de la vie après mariage et, visiblement, elle a l'air de lui plaire parfaitement, non ? Il était princier avec elle ! Un bel homme servi par une belle femme ! Quoi de mieux ? … Tant qu'il ne jouait pas les machos elle continuerait probablement. Sinon … Il pourrait aller voir ailleurs si elle y était. Enfin soit !

Ses cheveux humides et légèrement ondulés dont les gouttelettes roulaient encore aux pointes lui donnaient des frissons. Entre l'air ambiant et la fraîcheur de sa peau, il y avait de quoi avoir de sacrés frémissements. Et, visiblement, il y en avait un autre qui avait eu la chair de poule. Mais non, pas pour la même raison qu'elle ! Lui, il avait probablement tressaillit. Pourquoi ? Parce qu'il avait l'air visiblement très emballé à l'idée de faire du ménage. Mais, roh, aller, c'était très drôle le ménage à condition de le faire dans la bonne humeur avec un peu de musique et un ami souriant ! … Quoi, comment ça, non ? L'ironie qu'il utilisa dans sa phrase lui prouva bien l'entrain avec lequel il comptait faire le grand ménage de printemps – en plein hiver, et alors !? – voir même qu'il ne comptait pas le faire. Oh, il était absolument probable que, s'il lui demandait gentiment, elle ferait cette merveilleuse tâche toute seule. Mais elle mettrait plus de temps à tout nettoyer et ce serait bien moins drôle que s'ils s'y mettaient à deux. C'était un moment comme un autre qu'elle trouvait pour passer un peu de temps avec lui et pour qu'il lui raconte un peu ce qu'il faisait dans sa vie. S'il allait bien, ses connaissances, s'il avait des problèmes … Une sorte de moyen de communication, en gros, non ? Le pauvre homme ne semblait pas d'accord. Et c'était bien normal. N'importe quel homme grimacerait à l'idée de devoir passer le balais, le plumeau et la serpillère … Oui, dans le fond, Sun Mi comprenait parfaitement l'ironie avec laquelle il lui avait répliqué. Mais elle ne comptait pas abandonner ! À moins qu'il la prenne à part en lui disant d'un ton sérieux, solennel, à la limite des larmes, qu'il était absolument impossible pour lui de faire le ménage. Dans ce cas elle accepterait sans soucis et retournerait le border dans son lit pour le laisser terminer son sommeil …
C'est alors qu'il lui vint à l'esprit l'idée sordide de porter un tablier rose ! Idée typiquement gay, soit dit en passant, qu'elle trouva absolument magnifique ! Ne jaugeant pas l'ironie là ici elle préféra passer outre ce détail et lui répondre sur le même ton.

« Absolument ! Nam Ji tu lis dans mes pensées ! T'es vraiment merveilleux, tu sais quoi ? J'imagine même pas passer ma vie sans toi tellement c'est facile de communiquer sans que l'on ai à expliquer nos idées ! Pour peu, j'te demanderais presque de m'épouser ! »

Tout dans la classe et dans la finesse, comme d'habitude … Elle avait passé ses bras autour de sa nuque tandis qu'elle avait déblatéré cette bêtise-là tandis qu'elle plongeait son regard chocolaté dans le sien. Un grande sourire accroché aux lèvres. Tout était tellement simple qu'elle n'imaginerait jamais changer de colocataire, et l'idée même de le quitter pour aller vivre sa vie seule après la fac – ou avec un autre homme, qui sait ! – ne lui effleurait même pas l'esprit. Elle ferma ses yeux l'espace d'une seconde dès qu'il pressa ses lèvres contre sa joue, puis dénoua ses bras afin qu'il puisse manger correctement. L'étudiante attrapa sa CHOCOLATINE entre les doigts avant d'en détacher un bout et de l'enfourner dans sa bouche. Elle grimaça. Mon dieu. Comment faisait-il pour aimer quelque chose de si peu chocolaté et de si … sec ? Déglutissant, elle préféra attraper le pot de chocolat et plongea son doigt dedans – ayant pour idée première de le manger – mais parce qu'elle était de bonne humeur et bien réveillée, elle se contenta de faire deux traits façon indien en dessous des yeux du jeune homme. Pouffant, elle mit à sa bouche le restant de la mixture chocolatée.

« Bon appétit ! Je vais m'habiller et je te ramène ton magnifique tablier rose. Je suis absolument certaine que tu seras plus belle que moi! »

Et sur ce, elle se leva et partit en direction de sa chambre, guillerette, chantant joyeusement la chanson qui était dans sa tête depuis son réveil.